Sciences criminalistiques - Les faux en art : examen des œuvres sur bois

25 | 09 | 2019

Sciences criminalistiques - Les faux en art : examen des œuvres sur bois

Ose Art

Les ouvrages conseils de "faussaire à faussaires", précisant les procédures et protocoles à suivre pour executer des faux, mentionnent pour la plupart l’impératif de ne pas se contenter d’imiter le style de l’artiste*

mais également de:

- maitriser d’une part les techniques artisanales de création

et

se rapprocher d'autre part de la condition de vieillissement compatible avec l’époque visée.

Concernant les œuvres picturales sur bois un des conseils donnés aux apprentis faussaires est de prendre en compte les dommages crées par les attaques xylophages  ( et noircissement du bois, traces d’outils…...).

Le premier conseil de faussaire à faussaire était donc de partir sur des supports proches de l’époque cible. La seconde étape est l’application de la matière picturale sur le support. Un exemple était de procéder de la manière suivante :

  • Boucher les trous d’envol (coton)
  • Possiblement, appliquer une feuille de papier (compatible avec l’époque)
  • Exécuter l’œuvre
  • Retirer les zones des trous d’envol et les morceaux de coton
  • Reboucher en utilisant une technique de restauration en vigueur

Comment mettre en évidence les traces de cette action (exécution de faux trous d’envol) sur une œuvre picturale ?

Après un examen sous fort grossissement, l’une des techniques possibles d’examen est la tomographie à rayon X qui permet :

  • De cartographier en 3 dimensions le réseau de l’atteinte xylophage dans le bois (le réseau est-il compatible avec un réseau naturel ?) ;
  • D’étudier plusieurs zones de trous d’envol avec précision (les traces de rebouchages sont elles compatibles avec un trou d’envol ?) ;
  • D’observer des traces éventuelles de fibres exogènes sous la matière picturale ;
  • De localiser d’éventuel trous d’envol sous la matière picturale ;
  • D’identifier des zones possibles d’insertion de la matière picturale au cœur de microfissures du bois.

La force de cette technique est de pouvoir travailler sur l’ensemble de ces paramètres en 1 seul examen et de travailler sur les 3 dimensions de l’œuvre.

De plus sur une zone précise elle permet également d’extraire une image haute résolution de cernes permettant par exemple de procéder en parallèle à une étude dendrochronologique.

* Pour en lire davantage sur le sujet :

  • Hebborn, Eric, The art forger's handbook, London : Cassell, 1997
  • Christopher Wright, The Art of the forger, London : G. Fraser, 1984
  • John E. Conklin, Art crime, London : Praeger, 1994
  • Robert E. Spiel, Jr, Art theft and forgery investigation; Springfield (Ill.) : Charles C. Thomas, 2000;
  • Inspection of a medieval wood sculpture using computer tomography, June 2016, DOI: 10.5194/isprsarchives-XLI-B5-287-2016

Illustration: Violaine de Villemereuil - étude de repeint sur une planche de bois ancienne, étude d'attaques xylophages


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